Un test psychologique (ou psychométrique) est un outil de mesure élaboré pour évaluer vos aptitudes, votre capacité à vous confronter à certaines situations, il peut servir à déceler vos principaux traits de caractère, vos motivations et vos freins. Il en existe des centaines, utilisés dans des cadres aussi différents que le scolaire, la psychologie, la médecine, et pour ce qui nous intéresse ici, l’environnement du travail.
L’un des tests les plus connus et les plus utilisés en entreprise est le MBTI (Myers Briggs Type Indicator). Il dresse un portrait type de votre personnalité qui servira, lors de la restitution des résultats, à mieux cerner vos contextes préférés et quels axes d’amélioration envisager pour optimiser le travail. Il peut être prescrit par votre entreprise et/ou passé auprès d’un cabinet spécialisé.
En préambule aux réflexions que je souhaite partager, je vous invite à regarder cette petite vidéo sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=EsrDF98FsUk&ab_channel=Fouloscopie.
Je vous garantis que vous passerez un bon moment, mais surtout vous comprendrez les 2 facteurs qui font qu’un test psychométrique est qualitatif : sa fiabilité et sa validité.
Une fois visionnée cette vidéo, j’ai réfléchi à plusieurs choses.
Tout d’abord mon goût pour les tests, pourquoi suis-je attirée par eux ? Lorsque j’en passe un, j’espère inconsciemment qu’il me rassurera sur ce que je suis. J’espère en un sens que les qualités que je me reconnais ne sont pas une fausse représentation que je me fais de moi-même. J’espère aussi que les résultats ne montreront pas de graves défauts, et même pas de défauts du tout ! Ce qui n’est pas réaliste en soi. Mais voilà, j’ai besoin d’entendre de jolies choses à mon sujet et que ces tests m’apportent au moins cette satisfaction.
Ensuite, comment savoir si le test qu’on me fait passer est de qualité ? Comme l’explique Mehdi Moussaïd-alias Fouloscopie dans sa vidéo, il est compliqué de se faire une opinion solide à moins d’aller fouiller dans les articles scientifiques qui y sont consacrés. Par conséquent, avant d’accepter de passer un test psychométrique, le plus simple est de me fier (ou non) à la personne ou à l’entité qui me le prescrit. Et je peux alors lui poser au moins 2 questions légitimes :
- En quoi ce test me sera utile ?
- Les résultats resteront-ils confidentiels ? Si c’est l’entreprise qui le prescrit, il y a fort à parier que non, alors quelle utilisation fera-t-elle des résultats ? (… car je ne voudrais pas que mes travers ainsi dévoilés se retournent contre moi, ou même que mes qualités soient surexploitées !).
L’entreprise est friande de ces tests. Il n’y a qu’à regarder l’offre pléthorique qui répond forcément à un marché demandeur : MBTI, Com-Colors, SOSIE, Process-Com, OCEAN, DISC, Clifton Strengths… les RH ont l’embarras du choix. Améliorer la communication et la performance, optimiser les process, tout cela est louable. En fin de compte, il s’agit de faire vivre des groupes de la meilleure façon qui soit.
Mais passer un test ne comporte-t-il pas un risque d’étiquetage ? Pour l’entreprise, et même pour moi ? Est-ce que je ne m’expose pas à un catalogage de ma propre personne ? Je pourrais m’enfermer dans une image réductrice de ce que je suis en réalité, qui ne tiendrait pas compte des nuances de ma personnalité et des myriades de contextes dans lesquels elle s’exprime.
Le paradoxe est posé : j’aime les tests psychologiques et je m’en méfie pour les potentielles conséquences qu’ils induisent.
Il n’en reste pas moins que je suis certifiée pour en faire passer un, le Strong. Celui-ci aide notamment à cerner les domaines d’intérêts professionnels préférés, ce qui a du sens lorsque l’on se trouve dans une démarche exploratoire d’orientation. Nous l’avons vu, la fiabilité et la validité sont les deux critères à remplir pour attester de la qualité d’un test. Même si c’est Myers Briggs qui en détient aujourd’hui les droits exclusifs, l’usage et l’expérience me montrent que le Strong est fiable (les résultats se vérifient dans le temps – tests et retests). Quant à la question de sa validité, je relève un flou dans les domaines ciblés et dans la liste de métiers proposés, ce qui présente paradoxalement deux mérites : celui de délivrer des résultats assez justes car très larges, et par conséquent (et c’est là que réside son intérêt à mes yeux), celui de constituer une bonne base de discussion et de réflexion.
Il n’empêche que pour tout test, le risque de mettre ou de se mettre dans des cases reste bien présent. Rassurant pour les uns, réducteur pour les autres… ou les deux !
2 commentaires
Blaimont
6 octobre 2022 à 8h57
Merci Anna pour cet article. J’aime beaucoup la référence au biscuit chinois dans la vidéo. Le risque avec ces tests, au-delà il me semble de leur fiabilite, c’est d’aller chercher les réponses à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur de soi. Or je crois pour ma part qu’apprendre à se connaître est incontournable pour faire des choix justes, gagner en autonomie et en légitimité. C’est la raison pour laquelle, comme toi, je les vois comme une base de discussion qui permet d’ouvrir les possibles et j’invite les personnes a ne pas prendre les résultats pour une prescription irréfutable. Pour cela je commence toujours par un exercice d’auto-positionnement et je le propose assez tard dans le processus du bilan pour que les personnes aient déjà pris le temps de s’interroger. 🙂
Anna Taï Morasso
7 octobre 2022 à 10h16
Merci Frédérique de ton commentaire. Et oui, un autre travers que tu soulèves ! A nous de restituer ces tests avec prudence !